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Sarah Lipska (1882-1973), sculptrice, peintre, styliste

Du 19 septembre 2025 au 5 janvier 2026

Deux expositions

Le musée d’art et d’histoire de la Ville de Meudon et le musée Sainte-Croix de Poitiers s’associent en 2025-2026 dans un projet commun de valorisation du travail de l’artiste d’origine polonaise Sarah Lipska (Mława, 1882 – Paris, 1973).

Monté en collaboration avec la spécialiste de l’artiste, Ewa Ziembińska, docteure en histoire de l’art et conservatrice en chef du musée de la sculpture Xavier Dunikowski à Varsovie, et soutenu par l’Institut polonais de Paris, ce projet d’exposition sera mené en deux étapes entre l’automne 2025 et l’été 2026.

L’artiste

Sculptrice, peintre, dessinatrice de costumes et de décors, créatrice de mode et décoratrice d’intérieur, Sarah Lipska est une artiste fascinante dont le travail n’a jamais fait l’objet d’une rétrospective en France. Malgré de nombreuses récompenses et une reconnaissance certaine de son vivant, elle est aujourd’hui et à l’instar de nombreuses créatrices relativement méconnue.

D’origine polonaise, Sarah Lipska naît dans une famille juive bourgeoise de Mława, en Pologne. Elle étudie à l’École des beaux-arts de Varsovie, où elle se forme aux arts appliqués ainsi qu’à la sculpture dans l’atelier du célèbre Xavier Dunikowski (1875-1964). Quittant son pays natal en 1906, elle s’installe à Paris en 1912. Dans ces années-là, elle collabore avec les Ballets russes et plus particulièrement avec Léon Bakst (1866-1924), célèbre décorateur et costumier de la compagnie de Serge Diaghilev (1872-1929), dont les productions inspirent durablement l’œuvre de Lipska.

Après sa collaboration avec les Ballets russes, elle travaille pour le monde du théâtre parisien et conçoit notamment en 1922 les costumes de l’opérette Annabella, dont les critiques soulignent la réussite. À l’instar de ses peintures et vêtements, ses créations destinées à la scène sont très colorées – ce sera également le cas des projets de costume pour le Ballet des oiseaux, auquel elle travaille avec le chorégraphe et danseur ukrainien Serge Lifar (1905-1986) après la Seconde Guerre mondiale.

Cette grande attention à la lumière et aux matières se retrouve dans son travail de créatrice de mode. Après une collaboration avec le grand couturier Paul Poiret (1879-1944) puis avec la maison de couture Myrbor dans les années 1920, Sarah Lipska ouvre son propre atelier à Montparnasse, sans doute dès 1925. Reproduites dans plusieurs numéros de Vogue des années 1925-1927, ses créations textiles mêlent influences des arts populaires d’Europe centrale, vocabulaire graphique très coloré et matières soigneusement choisies telles que la mousseline de coton ou le fil métallique. Sans doute en raison de son succès, elle déménage en 1928 son atelier situé avenue des Champs-Élysées où elle reçoit notamment sa compatriote, l’entrepreneuse Helena Rubinstein (1872-1965), mais également la comédienne Cécile Sorel (1873-1966), la cantatrice Ganna Walska (1887-1984) ou encore la princesse russe Natalie Paley (1905-1981). Elle habille également le coiffeur-star Antoine Cierplikowski (1884-1976), avec qui elle entretient une longue relation amicale et professionnelle. Pour l’extravagant Antoine de Paris, elle conçoit costumes de bal et tenues sportives.

Là où les productions picturales et textiles de l’artiste sont tout en opulence et couleurs, son travail de décoratrice d’intérieur s’inscrit dans un fonctionnalisme élégant et épuré. Première démonstration de ses talents est faite dans la célèbre publication Le Style moderne. Contribution de la France publié en 1925 avec une introduction d’Henry van de Velde qui prône « une forme pure et rationnelle ». Reproduits aux côtés des créations de Robert Delaunay (1885-1941), Le Corbusier (1887-1965) ou Robert Mallet-Stevens (1886-1945), les intérieurs de Lipska sont extrêmement épurés, à l’instar du coffre en bois et métal conservé à Poitiers.

 Dans la seconde moitié des années 1920, elle travaille à plusieurs projets de décoration d’intérieur, dont deux pour Antoine de Paris entre 1925 et 1935. Pour le premier, la célèbre maison de verre du 4 rue Saint-Didier, elle fait partie des précurseurs de l’utilisation du verre industriel épais dans l’aménagement d’intérieur, faisant preuve d’une audace avant-gardiste remarquée par la critique.

Cette audace se retrouve également dans sa pratique sculpturale, à laquelle elle s’est formée à Varsovie avec Xavier Dunikowski. Les portraits de personnalités et de proches scandent l’intégralité de sa carrière : Xavier Dunikowski, Antoine de Paris, Arthur Rubinstein (1887-1982), Natalie Paley sont les sujets de portraits synthétiques aux matériaux et textures soigneusement choisis : pierre artificielle pailletée, résine rouge porcelaine, bois et verre.

Aux côtés des portraits, les figures d’oiseaux peuplent la production sculpturale de Lipska. Dès ses premières peintures, la légèreté des oiseaux, leurs plumes, leurs formes font échos à son travail sur les ballets.  Oiseaux en verre, en plâtre, en ciment, en miroir, ils forment un bestiaire coloré qui se retrouve également dans son travail de couturière, de costumière et de peintre.  Dans les années 1920, puis 1940, les natures mortes et oiseaux font l’objet de grands formats colorés qui puisent parfois leur sujet dans l’Ancien Testament.